Les Pézizes
Les pézizes ou peziza en latin, regroupent une tribu de champignons
ascomycète répartis en plusieurs taxons différents, généralement en forme de coupes ou de petits godets. Elles sont de la
même famille que les morilles,
et comme elles ont la particularité d'être très toxiques crues,
certaines le sont même cuites comme nous le verrons un peu plus loin en
images. Si quelques-unes sont donc comestibles, elles sont
néanmoins délaissées par les initiés, car sans grands intérêts
gustatifs, sauf une seule d'entre elle, la pézize veinée surnommée aussi "oreille de cochon"
considérée comme bon comestible, dont vous découvrirez plus loin les
photos. Cette dernière s'identifie par son aspect, couleur brun clair à
fauve à l'intérieur, blanchâtre à crème à l'extérieur, mais encore plus
à son odeur forte de javel ou chlore qu'elle est la seule à présenter.
Cette odeur n'en affecte pas le goût, car elle disparaît totalement à la
cuisson. N'oubliez pas que comme toutes les pézizes elle est toxique
crue, la cuisson doit être prolongée une petite vingtaine de minutes
afin de bien éliminer ses toxines. Les empreintes en amas des spores (sporée) des pézizes sont de couleur blanchâtre.
Pézize veinée ou oreille de cochon
C'est la meilleure des pézizes, elle est assez recherchée des cueilleurs et se trouve assez souvent en compagnie des morilles blondes et autres communes, se partageant les mêmes biotopes de boisés très humides, notamment près des bords de rivières. Son surnom d'oreille de cochon vient de sa forme et des boursouflures en forme de veines jalonnant généreusement le dessus de son obole ou apothécie.
Son identification est moins difficile que chez les autres espèces de Pézizales, de couleur brune claire à fauve sur le haut, et blanchâtre à crème sur le dessous, elle se distingue par une assez forte odeur javellisée qui va disparaître complètement après cuisson.
La Pézize veinée,
de son nom latin Disciotis venosa est considérée comme un très bon
comestible, mais attention, toxique à l'état crue, donc une cuisson
d'une vingtaine de minutes sera nécessaire pour en éliminer les
toxines. La Pézize veinée est une espèce printanière.
En cas de doute, la microscopie peut rapidement faire la différence pour l'identification, avec des spores de forme ellipsoïdales et lisses, dont la mesure est assez variables, de 19 à 30 x 12 à 17 µm, ses spores ne sont pas guttulées, contrairement à beaucoup espèces de pézizes. Les asques elles, sont inamyloïdes (absence d'amidon).
Pézize orangée
La Pézize orangée (Aleuria
aurantia), est parée comme son nom l'indique d'une jolie couleur orangée
chatoyante à l'intérieur, l'extérieur est souvent de couleur orange aussi, mais plus fade, et quelquefois pruineuse. Son diamètre atteint quelquefois dix centimètres, plus généralement autour des huit, le pied est absent. La chair est fragile d'aspect un peu gras, cireuse. Bien que son goût soit totalement neutre, elle est classée comme pézize comestible et peut-être la seule à pouvoir être consommé crue en dessert dans certains pays. Présence au printemps et hiver, en forêt, prairies et lieux rudéraux. La mesure des spores peut extrêmement varier en fonction des récoltes, voici donc une grosse fourchette 14-25 x 9-1, elles sont ovales allongées et parcouru d'un réseau maillé ainsi que de crêtes
bien visible dans le bleu coton lactique.
Peziza phyllogena
Péziza Phyllogena ou phylloscypha phyllogena, est une très jolie pézize qui se caractérise par une
couleur mauve brunâtre, cette couleur mauve est souvent plus
visible sur le dessous de Péziza Phyllogena, cependant le dessous est parfois plus dans les jaunes verdâtre avec l'âge, mais toujours avec une chair plus ou moins violacée parfois très pâle, assez subtil, qui est le signe essentiel pour son identification. L'apothécie ou réceptacle peut mesurer de 2 à 10 cm. Les spores sont densément verruqueuses, mais avec peu de relief, et biguttulées, leurs mesures dans une fourchette assez large sont ceux-ci 16-23 x
8-13 µm. On la croisera au printemps dont elle préfère la douceur, sur le sol ou bien plus rarement sur du bois en forêt et endroits clairs.
Pézize écarlate, d'Autriche et Jurana
Pourquoi avoir réuni ces trois espèces de pézizes sur un même article ? Et bien parce qu'il serait tout bonnement impossible pour le profane de les différencier visuellement l'une de l'autre, seuls, les vrais initiés pourraient le faire, mais avec quand même beaucoup de difficultés. Face à de tels cas, l'examen approfondi au microscope s'avérera incontournable. Sachez déjà que les trois sont considérées comme indigestes ou sans aucun intérêt, insipide. Elles poussent de l'hiver au printemps sur bois ou au sol. Pour aller plus loin voici ce que l'on peut noter pour tenter de les séparer au microscope et autres détails : Pézize écarlate (Sarcoscypha coccinea) : 1 à 8 cm sur bois moussu, réceptacle rouge vif, très rarement orange ou jaune, extérieur de la coupe à poils droits, spores 28-40 x 9-12 µm. Pézize d'Autriche (sarcoscypha austriaca) 1 à 5 cm sur bois, toujours rouge vif, longueur des spores 23-39 µm. Poils externes en spirales - Pézize coccinée du Jura (sarcoscypha jurana) pousse sur bois et sol, rouge vif et que très rarement jaune ou orange. Diamètre 1 à 5 cm, extérieur réceptacle non-poilu, spores 26-38 µm.
Pézize couronnée ou Sarcosphaera coronaria
Attention, apprenez à reconnaître cette pézize toxique crue comme cuite ! La pézize couronnée
ou en couronne (Sarcosphaera coronaria), forme lorsqu'elle est juvénile une boule blanchâtre, mais elle doit son nom au fait qu'en s'ouvrant vers
l'extérieur elle crée de petite déchirures triangulaires lui donnant quelques fois l'aspect d'une couronne. Mais ce n'est pas tout le temps le cas,
comme le montre les clichés, le plus souvent, ce sont des déchirures désordonnées. Le mieux est encore de repairer sa couleur mauve violacée claire à très foncée à l'intérieur de son obole.
Espèce printanière qui pousse en forêts de feuillus comme de conifères sur terrain calcaire.
Peziza succosella / Pezize fausse-succosa
La Pézize à latex vert-jaune (Nom scientifique : Paragalactinia succosa) a la particularité d'exsuder (surtout jeune), un latex jaunâtre à verdâtre, de rares fois le latex est turquoise. Cela peut donner une allure magnifique si on a la chance de l'observer comme ci-dessus avec ces gouttelettes d'un vert profond, ce qui est rare, plus souvent se sera plutôt du jaunâtre. L'apothécie mesure de 2 à 8 cm. On peut également l'identifier en la retournant pour constater la couleur verdâtre de l'envers (photo d droite), mais ce n'est pas toujours le cas encore une fois, car les pézizes sont capricieuses dans leur aspect. Cette espèce est visible de l'été à l'automne, elle est non comestible. Je l'ai croisé dans le midi de la France, mais c'est dans le sud de l'Espagne qu'elle serait la plus courante.
Peziza michelii
Cette jolie petite Pézize violette foncé lilas, vire au brunâtre violacé avec l'âge, elle atteint péniblement les 5 cm de diamètre en général. Son nom latin officiel est Paragalactinia michelii. Elle forme des coupes bien arrondies ou ovalisées plus ou moins régulières. La chair est jaunâtre et révèle la présence d'un suc ou latex jaunissant un peu à l'air libre. On peut le rencontrer du printemps à l'été, sur les bords des sentiers en forêt, elle apprécie l'humidité et ne dédaignera donc pas non plus les berges des rivières ou des ruisseaux. La mesure des spores est de 14-18 x 7-8 µm, elles sont bi-guttulées et parées de fines crêtes allongées irrégulièrement, on les observe efficacement après coloration au bleu coton lactique.